traces urbaines

Dans les rues instinctivement et par confort je marche les yeux baissés. La lumière les blesse. C'est un peu comme si je ferme un diaphragme pour éviter qu'elle ne pénètre. Il se passe alors et parfois au hasard de mes pérégrinations ordinaires, libre et les mains dans les poches, une rencontre fugitive, fortuite, verticale, invisible aux yeux de mes semblables. Un basculement mystérieux s'opère, la profondeur de champ s'insinue dans mon monde intérieur, ma pellicule sensible. Un flash. Je perçois le potentiel de beauté d'étrangeté d'une tâche, d'une trace, d'un objet écrasé. Une pollution urbaine issue de la désinvolture ou de la maladresse humaine. Rongée grillée défoncée usée la signalétique du macadam est un de mes territoires préférés, un champ d'investigation quasi illimité.
Ce sont des petits riens cadrés, que la grandeur d'échelle modifie et magnifie. Ils invitent à penser à percevoir la poésie du trash et de l'ordinaire à faire swinguer références et certitudes et à considérer les traces urbaines dans leur potentialité d' œuvres d'art.
Traces urbaines bande n°97
Avignon